Le 11 mai dernier, le CNSR a recommandé au Ministre de l’intérieur la mise en œuvre d’un « Continuum Educatif du Citoyen Usager de la Route » (CECUR). Très largement inspiré du cursus de formation autrichien, ces travaux sur la gestion des risques laissent augurer une plus grande progressivité dans le mécanisme d’obtention du permis de conduire. Dans ce schéma, l’examen pratique devient « une étape de la formation » selon les termes du CNSR. Si en un premier temps ces dispositions ne visent que la catégorie B, toutes les autres se verraient à moyenne échéance appliquer ce dispositif.
Une phase antérieure à l’examen pratique serait constituée de cinq ateliers de gestion des risques, d’une heure quinze chacun. Une phase post-examen pratique, visant à partager les expériences vécues pendant la phase d’autonomie probatoire, serait composée de deux « rendez-vous d’expérience » (RVE) de trois heures et quart chacun (1H15 en circulation et 2H en salle). Le suivi de ces deux RVE serait en outre une condition nécessaire à l’obtention des douze points.
Certes, les bienfaits du continuum éducatif ne sont plus à démontrer. La nécessité d’améliorer la formation du conducteur, notamment au travers d’un processus d’autoévaluation de ses comportements, ne fait aucun doute pour le SNICA-FO.
Les compétences de nature comportementale se définissent par des savoir-être s’exprimant essentiellement à travers des comportements civiques, ce qui soulève de notre point de vue, la question de la frontière entre formation et éducation. Comme il l’a toujours fait au travers de ses diverses contributions, le SNICA-FO continuera d’affirmer que le lieu privilégié d’apprentissage de la route est l’école gratuite et républicaine.
Pour le SNICA-FO, le présent projet fait en revanche la part belle à une partie du secteur marchand (les grosses structures) et contrevient, d’une façon générale, à l’objectif d’un permis moins cher. Car il est totalement illusoire de penser qu’une formation plus longue reviendrait moins cher. L’affirmation selon laquelle « le coût sera[it] largement compensé par les économies induites par la rationalisation de la formation », nous semble pour le moins péremptoire et nous voyons mal comment elle supporterait l’épreuve des faits. Ce système de formation pénaliserait en outre les petites structures qui peineraient à remplir des salles de cours collectifs.
Par ailleurs, un tel schéma acterait encore un peu plus le recul de l’état dans le domaine de l’éducation routière. Les IPCSR et DPCSR deviendraient en effet un maillon anecdotique de la chaîne « validation » du permis de conduire, isolés au milieu du cursus.
Les compétences à mobiliser pour mettre en œuvre un continuum éducatif digne de ce nom sont pourtant multiples. Les nouveaux dispositifs de formation et d’évaluation doivent au contraire s’appuyer sur la coopération d’acteurs différents (IPCSR et DPCSR, enseignants de l’éducation nationale, parents, enseignants de la conduite et de la sécurité routière, psychologues etc).
Le SNICA-FO dénonce une fois de plus que les réformes envisagées soient dictées par une fraction d’un lobbying marchand, et que les solutions de bon sens, gratuites pour l’usager, proposées à l’Administration par notre organisation syndicale, soient à ce point ignorées. Nous les rappellerons avec force et conviction lors des audiences du mois de juin.
À l'occasion des réunions syndicales de juin, nous débattrons ensemble de ces projets.
Nous les confronterons aux promesses de l’Administration sur l’avenir de nos missions et sur le rôle central des IPCSR et DPCSR. Alors que ces propos ont maintes fois été réaffirmés par nos ministres, nous constatons pourtant que les agents sont de plus en plus dévalorisés et délaissés.
Venez nombreux participer aux échanges et faire entendre vos points de vue !